12 years a slave, récit prenant mais inachevé

Tiré d’un ouvrage du même nom, 12 years a slave est le récit biographique d’un homme privé de sa liberté pendant plus de 10 ans. Avec 9 nominations aux Oscars, c’est l’un des films incontournables de ce début d’année. Il est sorti mercredi.

200_s

Solomon Northup est un homme tout à fait respectable. Marié, deux enfants, menuisier, il vit dans l’Etat de New-York. Il s’entend bien avec ses voisins et son épicier, il joue du violon et il aime sa famille plus que tout. Ah, oui, et Solomon est noir.  Il ne fait pas bon être noir dans les Etats-Unis du début du XIX ème siècle. Même dans un Etat non-esclavagiste. Contre la promesse d’un travail, il accepte de suivre deux hommes à Washington. Mauvaise idée, il se fait dérober les papiers qui prouvent sa liberté, est acheminé vers le sud et se retrouve du jour au lendemain au cœur d’un réseau esclavagiste. Relégué d’homme libre à simple bétail, il est maltraité, exposé et échangé sous le nom Platt. Dans ce monde impitoyable, sa meilleure chance de survie consiste à ne surtout pas dévoiler ses origines.

Steve McQueen, le réalisateur de Hunger et Shame, entre autres, a décidé de l’adapter de façon chronologique en se focalisant sur deux périodes de l’esclavage de Solomon : l’une sous les ordres de William Ford (Benedict Cumberbatch), son premier maître, l’autre sous le joug d’Edwin Epps (Michael Fassbender). Steve McQueen sait filmer le manque, les obsessions, ce n’est pas nouveau. Bizarrement,  celles qui marquent ne sont pas celles auxquelles on s’attend. Si Chiwetel Ejiofor est admirable en Solomon, c’est encore une fois Michael Fassbender qui brille sous la caméra du réalisateur. On note également la prestation prenante de Lupita Nyong’o en esclave abusée par son maître. Les prestations des trois acteurs, nommés respectivement pour les Oscars du meilleur acteur, du meilleur acteur dans un second rôle et de la meilleure actrice dans un second rôle, sont enrobées par la bande originale de Hans Zimmer, intense et dramatique, entre le thème principal d’Inception et le thème romantique de Pearl Harbor. 12_years_a_slave_featured1-618x400

On parle d’esclavage, de négation d’humanité, de rapports de force et de domination. Certaines images sont dures mais pas autant que l’annonçaient les critiques américaines. Plusieurs séquences sont même étonnamment douces, portées par l’esthétique figée de Steve McQueen. A son habitude, le réalisateur multiplie les plans fixes qui durent. Pour autant, le film ne parvient pas à mettre l’accent sur la longueur de la période : on n’a pas l’impression que 12 ans se passent, simplement que certaines scènes sont interminables. Cette impression est amplifiée par le mixage : à plusieurs reprises, le son passe de in à off d’un plan à l’autre. Autrement dit le bruit clairement identifié à l’intérieur du champ évolue en une ambiance extra diégétique (ne correspondant pas à l’action filmée). Cela accentue la durée de l’instant sans allonger le temps de narration. Du coup, la scène de dénouement final paraît un peu surréaliste.

Grosso modo, dans 12 years a slave, on voit très bien le slave sans percevoir les 12 years, c’est un peu dommage.

5 réponses à “12 years a slave, récit prenant mais inachevé

  1. Pingback: Oscars 2014, c’est parti ! | Pauline C.·

  2. Pingback: Dallas Buyers Club, à voir | Pauline C.·

  3. Pingback: Oscars 2014, le palmarès | Pauline C.·

  4. Pingback: X-Men : Days of Future Past, valse temporelle parfaitement maîtrisée | Pauline C.·

  5. Pingback: Bilan 2014 | Pauline C.·

Laisser un commentaire